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ENGLISH BELOW
Animée depuis quelques années par la forêt, les parcs ou tout territoire naturel, ma pratique se manifeste par des représentations d’éléments de la nature généralement observés lors de résidences de recherche. Par la création de dessins, j’analyse des sujets intuitivement choisis en simplifiant leurs lignes générales, en modifiant leur échelle et en supprimant leur volume pour les travailler en aplats. Les sujets étudiés apparaissent alors sur papier dans des compositions issues d’accumulations, de répétitions, de superpositions et de jeux de transparence. Les dessins présentent à la fois une grande économie et un certain excès; ils sont réalisés simplement au crayon graphite, au crayon de couleur et à l’aquarelle, mais jouent avec des nuances subtiles. Les pistes sont aussi parfois brouillées. Les sujets demeurent imprécis, l’effet de profondeur est confus, les formes se mélangent les unes aux autres. C’est dire que je construis des dessins avec des formes simples, dessins que je tente de complexifier progressivement. Habitée par un vif intérêt pour le grand déploiement de pièces et l’abondance de détails, je crée ces dessins en décuplant les successions, les variantes, les énumérations. Chaque sujet adopté peut ainsi être répété, à des échelles variées et dans différentes compositions.
Dans mes installations intimistes se greffent inévitablement aux nombreux dessins des objets trouvés en nature – modifiés ou non – et des sculptures minimalistes de plâtre, de bois, de béton et de papier. Ces sculptures parfois presque abstraites s’inspirent de formes présentes dans divers milieux naturels. Afin d’explorer davantage, mes recherches actuelles me font également effleurer la sérigraphie, la céramique, le livre et le texte. Toutes ces pièces, quel que soit le médium choisi, se déploient avec patience, avec une délicatesse et une minutie inébranlables. Elles prennent ensuite place dans l’espace, trouvent leur point d’ancrage momentané dans des ensembles en constante mouvance. Au final, chacune des installations créées devient une invitation à poser un regard contemplatif sur des traces de nature et, ultimement, à répéter cet exercice d’observation tout autour de soi.
Native de Carleton-sur-Mer en Gaspésie, Émilie Bernard, après avoir habité près de 20 ans à Québec, vit et travaille depuis peu à Cap-Chat. Son travail a été présenté dans différents centres d’artistes, musées et centres d’exposition au Québec, en Finlande, en Islande et en France. Depuis plusieurs années, elle réalise régulièrement des résidences de création. Elle a notamment fait de la recherche lors de séjours dans diverses régions du Québec; dans des villages au Vermont et en Finlande; dans des montagnes en Islande; dans des villes en Arménie et en France et dans les Rocheuses en Alberta. C’est d’ailleurs ces résidences qui l’ont amenée à privilégier le dessin et à s’intéresser à la nature et au paysage comme sujets de recherche. Jusqu’à présent, elle a été appuyée à de multiples reprises par le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts du Canada et Première Ovation, un programme de soutien aux artistes de la relève de la Ville de Québec.
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For several years now, I have been fascinated by forests, parks, and other natural territories. My practice manifests through representations of elements of nature, generally observed during research residencies. Through the creation of drawings, I analyze intuitively chosen subjects by simplifying their general lines, modifying their scale and eliminating their volume to work them in flat surfaces. The subjects studied then appear on paper in compositions resulting from accumulations, repetitions, superimpositions and plays of transparency. The drawings present both great restraint and a certain excess: they are executed simply with graphite pencils, colored pencils and watercolors, but play with subtle nuances. Sometimes, the lines are blurred. The subjects remain unclear, the effect of depth is confused, and the shapes are mixed together. All of this to say that I build drawings with simple forms that are progressively complexified. Inhabited by a keen interest in large-scale parts and abundant detail, I create these drawings by multiplying successions, variants, enumerations. Each selected subject can thus be reworked at different scales or in different compositions.
In my intimate installations, objects found in nature and minimalist sculptures of plaster, wood, concrete and paper are inevitably grafted onto my drawings. These abstract sculptures are inspired by the forms I find in various natural environments. In order to expand on this, my current practice incorporates silk screening, ceramics, books, and text. Regardless of the medium chosen, all of these pieces unfold with patience and a delicate, meticulous touch. They then take their place in space, finding momentary anchorage in ever-shifting ensembles. In the end, each of the installations created becomes an invitation to take a contemplative look at nature’s traces and, ultimately, to repeat the exercise of observation all around ourselves.
Born in Carleton-sur-Mer in the Gaspé Peninsula, Émilie Bernard has recently been living and working in Cap-Chat after nearly 20 years in Quebec City. Her work has been presented in various artist-run centers, museums, and exhibition centers in Quebec, Finland, Iceland, and France. For several years, she has explored creative residencies, doing research in various regions of Quebec, in villages in Vermont and Finland, in the mountains of Iceland, in cities in Armenia and France, and in the Rocky Mountains of Alberta. It was these residencies that led her to focus on drawing and to take an interest in nature and landscape as subjects of research. To date, she has been supported on multiple occasions by the Conseil des arts et des lettres du Québec, the Canada Council for the Arts and Première Ovation, a support program for emerging artists in Quebec City.